Le CPF commence à trouver son public

C’est ce dont le cabinet du Ministère du Travail se réjouit. Plus de 14.000 dossiers ont été validés sur le seul mois de juillet.  Ainsi, cela porte à 21.000 le nombre de personnes ayant obtenu une formation grâce à ce dispositif lancé en janvier.

Après un départ poussif, le compte personnel de formation (CPF) commence à trouver son public. Depuis le début de l’année, plus de 21.000 personnes ont obtenu une formation, selon des chiffres dévoilés par le Ministère du Travail ce mercredi 5 août. Ledit dispositif a remplacé en janvier le Droit individuel à la formation (DIF)

Au 2 août, 1,65 million de comptes avaient été ouverts sur le sitewww.moncompteformation.gouv.fr75.650 dossiers de formation avaient été créés et 21.361 dossiers validés, selon des données obtenues par l’AFP auprès de la Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle (DGEFP). Dans le détail, 12.663 demandeurs d’emploi (59%) ont obtenu une formation, contre 8.698 salariés (41%).

Ces chiffres témoignent d’une nette montée en puissance du Compte Personnel de Formation. Critiqué pour sa complexité et la lenteur de sa mise en place, ce dernier affiche malgré tout 14.000 dossiers validés sur le seul mois de juillet. L’administration n’en avait recensé que 943 entre janvier et avril. 1.516 en mai et 4.141 en juin. Cela reste toutefois très en-deçà de ceux du Droit Individuel à la Formation (DIF). En outre, ce dernier a permis en 2013 la prise en charge de 536.000 personnes, soit près de 45.000 par mois. 

“Très modeste comparé aux 50.000 formations DIF”

On est “dans une phase de fort décollage“, se réjouit le cabinet du Ministre du Travail François RebsamenUn décollage “très modeste comparé aux 50.000 formations DIF réalisées tous les mois“, relativise Jean Wemaëre, président de la Fédération de la formation professionnelle (FFP). 

Le CPF, qui ne donne accès qu’à des certifications triées sur le volet, est “un système plus restrictif” que le DIF, explique Emmanuelle Wargon, déléguée générale à l’emploi et à la formation professionnelle. Son rythme de croisière, “plusieurs dizaines de milliers de dossiers validés par mois“, devrait être atteint “à la fin de l’année“.

La mise en route a pris quelques mois“, admet-elle. De fait, début janvier, les listes de formations éligibles n’étaient pas achevées. De plus les Organismes Paritaires Collecteurs Agréés (OPCA, les principaux financeurs du dispositif) n’étaient pas reliés au système. Une majorité ne l’est toujours pas et le mode de financement des CPF des demandeurs d’emploi pas défini. C’est de l’histoire ancienne, selon l’administration, qui met en avant les 9.355 certifications désormais éligibles.

Un chiffre en trompe-l’oeil, selon Jean-Pierre Willems, consultant en droit de la formation. Outre les 8.000 titres et diplômes reconnus par l’Etat, sans compter les 1.000 certificats de qualification professionnelle (CQP) présents depuis le départ, les listes sont complétées par un “inventaire” de certifications qui s’étoffe “très lentement“.

“Pas les moyens de permettre l’accès à la formation de tous”

Et, selon lui, l’objectif de privilégier les formations longues et diplômantes n’est pas atteint. De plus, deux formations linguistiques (pour passer le TOEIC et le BULATS), courtes par nature, concentrent “la moitié des demandes de formations CPF“. Par exemple, sur les 500 formations financées par l’OPCA Uniformation50% concernaient des certifications en langues, contre seulement 20% de formations longues, détaille Olivier Phelip, l’un de ses dirigeants.

De son côté, Jean Wemaëre appelle à “une plus grande ouverture d’esprit” des partenaires sociaux chargés de filtrer les formations éligibles. “Il faut que les listes s’étoffent, il ne faut pas priver les salariés et les demandeurs d’emploi de la possibilité de se former.” D’autant que, selon lui, ces atermoiements menacent les organismes de formation. “Ils ont perdu entre 15% et 25% de chiffre d’affaires depuis le début de l’année“, assure-t-il. “Notre secteur embauche 150.000 personnes et on a commencé à avoir des licenciements, des dépôts de bilan.

Et selon Jean-Pierre Willems, un autre problème pourrait bientôt pointer son nez : le financement. Pour les salariés, le dispositif est financé par des cotisations d’entreprises gérée par les OPCA. Soit “environ 800 millions d’euros” par an. Or “sur la base d’un coût moyen de 50 euros de l’heure et d’une formation de 60 heures en moyenne, cela représente moins de 300.000 personnes en formation“. Le consultant est catégorique : “Le CPF n’a pas les moyens de permettre l’accès à la formation de tous.”

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